
Formateurs : Directrice de CSAPA et/ou Psychologue clinicienne
Durée : 4 jours en 2 sessions de 2 jours à un mois d’intervalle
Lieu et dates : intra établissement
Public : Professionnels de santé (infirmiers, cadres, éducateurs) intervenant dans les organisations sanitaires sociales, associatives et éducatives.
Prérequis : Être en poste et avoir trois années d’expérience auprès de personnes souffrant de dépendances.
DPC Oui. N°26172200005
Accessibilité: Non
Prix : Formation intra établissement: pour un devis personnalisé nous contacter
CONTEXTE
Aujourd’hui en France, le terme « addiction » est utilisé pour tout et par tous, parfois très loin de sa véritable définition. Les conduites addictives touchent tous types de personnes, de tous âges, de tous milieux et de toutes conditions de santé. Les personnes en situation d’exclusion sociale et de handicap ne sont pas épargnées.
Quel que soit le produit psychoactif utilisé, la pathologie addictive est une maladie chronique, à récidive fréquente, et nécessite selon les situations et les objectifs de l’usager, un repérage, un diagnostic, un traitement, un accompagnement psychologique ou psychiatrique et un suivi socio-éducatif, possiblement à long terme. Le parcours de soins est loin d’être rectiligne : il nécessite un ajustement permanent en fonction des objectifs du projet de vie ou de soins de l’usager.
Pour l’INSERM , la consommation d’alcool diminue régulièrement depuis 40 ans en France, cependant, la proportion de personnes en difficulté avec l’alcool reste stable à 10% de la population (soit plus de 6 millions d’habitants en 2020). La question de l’alcool, produit culturel et convivial, est souvent au cœur de discussion au sein des structures d’accueil ou d’hébergement : sa consommation, autorisée ou interdite selon les règlements de fonctionnement, peut générer des conflits lorsque l’abus d’un usager modifie son comportement et perturbe le fonctionnement des services.
La consommation de tabac représente près de 73 000 morts par an, en raison des comorbidités et mortalités associées. L’addiction au tabac est fréquente chez les personnes accompagnées ainsi qu’au sein des équipes de professionnels qui les accompagnent. Le Plan National de Lutte contre le Tabagisme vise en 2032 la première génération (jeunes de 14 ans) sans tabac. Intervenir en transversal, en prévention, en réduction des risques ou en soins, grâce à l’acquisition de connaissances et de compétences permet aux professionnels formés de développer des projets personnalisés sur la question des addictions auprès des publics.
Souvent associé au tabac, le cannabis fait souvent polémique au regard de la loi de 1970 qui en interdit la consommation bien que ses composants aient pour certains des vertus considérées comme thérapeutiques.
Favoriser l’accès aux traitements de substitution aux opiacés (TSO) est devenu un enjeu de santé publique pour permettre le soin, resocialiser les populations dépendantes à l’héroïne ou autres médicaments opiacés (utilisés en traitement contre la douleur), prévenir les infections virales (VIH, VHC) pour les usages par injection ou par sniff.
En ce qui concerne les addictions sans produit (jeux, écrans, travail, sport, sexe, achats compulsifs…), elles font désormais, et de plus en plus souvent, l’objet de demande d’accompagnement par les professionnels avec des orientations dans des établissements sanitaires, sociaux et/ou médico-sociaux.
Quel que soit le type d’addiction, le sujet reste tabou, avec un vécu de honte et de culpabilité pour l’usager, un vecteur de nombreuses idées reçues pour la population en général et parfois pour les professionnels qui les accompagnent.
La loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé reconnait la prise en compte des addictions comme priorité de santé pour l’ensemble de la population : des plus jeunes aux plus âgés, selon l’institution qu’ils fréquentent et en lien avec la médecine de ville (« parcours éducatif en santé » à l’école avec la prévention des conduites à risques ; des mesures de lutte contre la consommation de l’alcool jusqu’à l’ivresse ; la prévention et le diagnostic précoce des troubles des conduites alimentaires ; la lutte contre le tabagisme ; la réduction des risques pour les consommateurs de drogues, …)
On observe de plus en plus de consommations occasionnelles massives (binge drinking ou craving) ou de mélanges (poly-consommations d’alcool, médicaments, tabac, cannabis, jeux, sexe…) qui peuvent occasionner des risques et des complications pour la santé et la sécurité des usagers, de leur entourage et des professionnels chargés de les accompagner.
Le règlement intérieur des institutions de santé est souvent questionné, tant par les professionnels que par les bénéficiaires : entre liberté individuelle et risque collectif.
Notre proposition de formation permettra aux professionnels concernés d’avoir une meilleure connaissance des addictions et des conduites addictives (avec ou sans produit) afin d’accroître leur rôle de repérage des usagers en consommation à risques ou en dépendance.
Ils pourront ainsi :
- Adapter leur posture professionnelle, en individuel et en collectif.
- Accompagner les usagers dans leur parcours de vie, de soins ou d’insertion avec des objectifs adaptés, en prévention, en réduction des risques et des dommages ou en soins
- Repérer et développer des stratégies de prévention et de bon usage des médicaments dont les opioïdes antalgiques et les traitements de substitution.
- Développer des savoir-agir dans leur pratique quotidienne et en situation de crise (écoute, entretien motivationnel, suivi et atteinte des objectifs).
Des situations problématiques ou complexes seront abordées lors de la formation pour développer une meilleure connaissance des intervenants du réseau spécifique en matière d’accompagnement et de prévention dans le champ des addictions (CSAPA, CAARUD, ELSA …), pour s’adapter à des situations particulières (public sans logement, hébergé en structure de réinsertion ; personnes en situation de handicap, personnes âgées, femmes enceintes…) et ainsi adapter le parcours de ces personnes en difficulté.
Cette action de formation s’inscrit dans les orientations DPC 2020-2022, fiche de cadrage 41 : Repérage précoce, accompagnement et prise en charge des patients présentant des conduites addictives de type alcool, tabac, cannabis, opioïdes, jeux, écrans, achats compulsifs, sexe.
OBJECTIFS
- Acquérir une meilleure connaissance du concept d’addiction et des processus qui entrent en jeu dans les conduites addictives et des conduites à risque.
- Développer des « savoir-faire » et des « savoir être » adaptés pour la prise en charge des personnes présentant des conduites addictives (tabac, alcool, cannabis, opioïdes) et des comportements addictifs (jeux, écran, achats compulsifs, sexe) : la posture professionnelle.
- Être en mesure de concevoir, dans le contexte professionnel, des stratégies de prévention, de réduction des risques, d’accueil, d’intervention thérapeutique brève face aux personnes présentant des conduites addictives (tabac, alcool, cannabis et opioïdes) ou des comportements addictifs (jeux, écrans, achats compulsifs, sexe), en individuel et en équipe pluridisciplinaire.
CONTENU
Autopositionnement.
MODULE 1 – 2 JOURS -CONDUITES A RISQUES ET ADDICTIVES : ADDICTIONS AVEC ET SANS PRODUIT (EFFETS RECHERCHES : ENTRE PLAISIR ET SOUFFRANCE). CLASSIFICATION DES COMPORTEMENTS.
1ER JOUR :
1ère demi-journée :
- Présentation
Présentation du formateur : Programme/session et liens d’intérêts/Expertise pédagogique/scientifique/ et méthodologie d’intervention/cadre de la formation et règles de fonctionnement.
Présentation des objectifs de la session.
Présentation des méthodes pédagogiques : contrat pédagogique.
Synthèse des réponses des participants aux auto-questionnaires.
Questionnement de chaque participant dans le groupe :
- Identité, parcours professionnel, formations effectuées dans le domaine de la formation ;
- Formations demandées ou proposées ;
- Leur vécu, leurs émotions face aux conduites addictives ;
- Leurs difficultés et leurs compétences ;
- Les besoins et les attentes, repérage de ce qui peut être amélioré par cette formation dans la pratique professionnelle de chaque participant ; définition d’objectifs individuels à atteindre (écrit).
Durée : 1h30
Qu’est-ce qu’une conduite addictive ? Notion de langage commun
- Addiction, plaisir, risque, alcoolisme, dépendance, drogue, risque
- Définition des termes utilisés selon les auteurs (OMS, Fouquet, Goodman, Jellinek, Académie de médecine…..)
La question de l’épidémiologie des conduites addictives (avec et sans produits) en France au national et au régional:
- Publications Inserm, OFDT, OR2S
Addictions, culture et société : « Une société sans drogue, ça n’existe pas »
Politique de santé actuelle concernant les addictions : loi de modernisation de notre système de santé de 2016 ; plan de lutte contre les conduites addictives (MILDECA) ; Plan National de lutte contre le Tabagisme
Législation française concernant les produits psychoactifs (licites/illicites/thérapeutiques)
- Périodes et dates phares : alcool, tabac, drogues illicites
- Création de dispositifs de soins spécialisés ou intégrés (addiction et exclusion sociale)
Durée : 1h30
2ème demi-journée :
Le processus addictif :
- Addiction avec ou sans produit : processus.
- Effets des drogues : classification (dépresseurs, stimulants, perturbateurs).
- Diagramme des effets et contre-effets.
- Drogues et cerveau : le système de récompense, les neurotransmetteurs, la notion de plaisir
- Liens entre conduites addictives et exclusion sociale : prise de produits psychoactifs, entre drogues et traitements médicaux.
Les types d’usage :
- La pyramide des usages : simple, à risques/occasionnel, nocif, dépendance
Différents types de dépendances et interactions.
Tentatives de changement : entre abstinence et consommation massive, un parcours aléatoire - Effets des drogues sur la santé : recommandations de l’OMS concernant l’usage de substances psychoactives
- Définition du DSM-V concernant les addictions : Troubles liés à l’usage (Pyramide de la sévérité). 11 critères pour évaluer la situation de l’usager
- Illustrations cliniques des effets de la consommation selon les produits et les consommateurs. Vignettes cliniques
Durée : 3 heures
2EME JOUR :
3ème demi-journée :
Retour sur la première journée
Effets des substances psychoactives
- Les effets recherchés et non désirés dans les conduites addictives, à partir de la définition « Les drogues sont des substances psychoactives qui modifient le fonctionnement du cerveau »
Le cube des dangers et risques liés à l’usage de produits psychoactifs
Le cube de satisfaction et les effets positifs recherchés dans la consommation de produits psychoactifs. - Effets comportementaux : perte de contrôle, violence, transgression, conduites à risque diverses, risques des polyconsommations sur les comportements.
Comprendre les facteurs multiples des différents types d’addiction
- Produit, individu, environnement : le triangle multifactoriel du psychiatre Claude Olievenstein
- Facteurs de risque et facteur de protection : vulnérabilité et ressources individuelles et environnementales.
Comment devient-on addict ?
- Le cycle de l’assuétude selon Stanton Peele
- Mises en situation avec des illustrations cliniques : public accueilli en établissement.
Durée : 3h30
4ème demi-journée :
Du dépistage à l’accompagnement : entre prévention, réduction des risques et soins.
- Etat des lieux du comportement addictif de l’usager.
- L’entretien avec une personne ayant des comportements addictifs.
- Les différents tests à utiliser pour le repérage des types d’usage (DETA, CAST, Fagerström…).
Projet de soins de l’usager en situation d’exclusion et d’addiction:
- Prise en charge médicale et paramédicale : traitements de substitution (opiacés et tabac) ou alternatives. Prescriptions, suivis dans le cadre de la réduction ou de l’arrêt de la substance
- Accompagnement au sevrage
- Etats de manque – Overdoses
- Modalités de la réduction des risques : définition et mise en œuvre. Exemple de la vape
- Compléments à la prise en charge : ressources internes à l’établissement (approches thérapeutiques, comportementales) et intervenants extérieurs
Addictions comportementales (sans substances) : jeux, écrans, achats compulsifs, sexe, travail…
- Repérage : questionnaires de compréhension du type d’usage
- Spécificités et compréhension : modalités du parcours de vie
Durée : 3h00
INTERSESSION :
Cette période d’un mois fait partie intégrante du processus pédagogique de formation et permet un temps de recul pour la réflexion et l’intégration des acquis par :
- la mise en application des outils utilisés durant le stage.
- La confrontation à la pratique de terrain.
Le travail personnel est repris en début de deuxième session est permet l’évaluation des acquis, le réajustement pédagogique éventuel et la stimulation des actions des participants.
4 thèmes au choix sont proposés et répartis entre les participants pour une mise en commun lors de la 2ème session : - Cartographie addictologique du territoire d’intervention de l’établissement
- Rapport d’activité de l’établissement et profils de patients en situation d’addiction accueillis
- Etat des lieux, au sein de l’établissement, de la prise en charge des usagers en situation d’addiction : modalités opérationnelles et évolutions à mener
- Situations complexes : présentation de 3 cas, évolutions satisfaisantes et insatisfaisantes
Rendu : document Word qui servira de base de travail pour le groupe
MODULE 2 – 2 JOURS – ACCOMPAGNEMENT DE LA PERSONNE EN SITUATION D’ADDICTION. ENTRETIEN MOTIVATIONNEL. MODES DE PRISE EN CHARGE. RESEAUX. PAIR-AIDANCE. PUBLICS SPECIFIQUES ET SITUATIONS COMPLEXES. BASES DE L’INTERVENTION EN PREVENTION ET EN INTERVENTION PRECOCE
1ER JOUR :
1ère demi-journée :
Retour sur la première session : acquisitions/questionnements/attentes
Recueil des travaux réalisés en intersession et reprise lors de l’abord des thématiques
Etapes du processus de changement, selon le modèle de Prochaska et DiClemente :
- Entretiens motivationnels
Particularités concernant les personnes en situation d’exclusion ou de handicap - Notion d’ambivalence
Principes du soin en addictologie
- Ecoute active
- Relation d’aide de Carl Rogers
- Accompagnements personnalisés et construction de la relation de confiance
- Accompagnement psychologique : présentation d’approches adaptées
Durée : 3 heures
2ème demi-journée :
Posture professionnelle :
- Etablissement
- Service ; équipe
- Professionnel
- Définition du cadre, gestion des situations inhabituelles ou à risques (pour l’usager, l’équipe…) : règlements, protocoles vers un travail d’équipe (valeurs, régulation)
Prise en charge des addictions et projet de service : adapter les activités aux problématiques des personnes accompagnées
- Activités de groupe : créer d’autres moyens d’expression…
2EME JOUR :
3ème demi-journée :
Repérage précoce et intervention brève (RPIB) : FOCUS sur l’addiction au tabac, à l’alcool, aux opiacés et mise en pratique
- Théorie : définition et déroulement du RPIB (selon la Haute Autorité de Santé).
Tests
Essai de modification
Soutien et motivation - Pratique, en 3 groupes : choix de la situation d’un usager. Jeu de rôle : déroulement du RPIB
Durée : 3h30
4ème demi-journée :
Importance de la pair-aidance en addictologie : plus-value de l’entraide par les pairs…
- Place de l’usager dans son parcours
- Notion de patient expert, de médiateur santé pair
Réseau de soins en addictologie : au croisement des spécialités. Rôle et missions des :
- ELSA
- CSAPA
- CAARUD
- …
Oser parler d’addictions dans le secteur de l’exclusion et du handicap : importance de la parole pour sortir de la honte, du sujet tabou par l’utilisation de supports pédagogiques adaptés au public
- Présentation de plusieurs outils abordant les idées reçues, la balance décisionnelle, les étapes d’un parcours
- Expérimentation en groupe et retour d’expérience.
Durée : 3h00
Evaluation Durée 30mn
METHODES PEDAGOGIQUES
Active et interactive basées sur le partage des expériences, des connaissances et des représentations suivies d’apports théoriques avec documents power point, supports visuels et documents filmés, des fiches de synthèse et des mises en situation.
OUTILS PEDAGOGIQUES
- Réflexion à partir d’éléments apportés par le groupe (expériences professionnelles).
- Travail individuel et en petit groupe, restitution dans le groupe.
- Réflexion écho du groupe : Brainstorming et synthèse des échanges.
- Analyse de cas concrets, échanges.
- Réflexion écho du groupe.
- Expériences de terrain, mises en situation.
- Outil pédagogique : « Les cubes » (Morel et Couteron)
- Jeux de rôle : cycle de l’assuétude
- Réflexion écho du groupe à partir de cas concrets suivis en services de psychiatrie.
- Questionnaires, flyers, recommandations
METHODE D’EVALUATION
- Par un retour du formateur lors de la restitution des travaux de groupe : acquisition d’un langage commun.
- Synthèse et évaluation de la séance par le formateur après chaque exercice en lien avec les objectifs présentés au départ.
- Synthèse et évaluation de la séance en lien avec les objectifs présentés au départ.